3 jeunes photographes : Laura CADOS + Fanny LEGROS + Amandine NOËL.

 

Rapprocher trois démarches photographiques, élaborées avec le temps et la réflexion, nous place dans ce que peut être le photographique. Exposer ces trois artistes dans un même lieu, malgré leurs singularités, a ce sens là, celui de nous interroger sur ce qu’est le photographique en prise avec la vie, puisque c’est le propos de ces images.
En effet, ces approches ont en commun, outre le photographique, cette question de vie. De la vie dans son état. Etat de crise de l’être, état d’un monde, celui des paysans aujourd’hui, et état du corps comme trace d’une vie.

C’est ce qui nous sensibilise devant trois démarches qui prétendent nous faire voir et ressentir chacune un monde en soi. La forme est ici incontournable de sens et le contenu essentiel. Nous passons de la mise en œuvre à la déconstruction du sujet pour tenter de nous en rapprocher, de le saisir. Etre saisi par le photographique implique un rapport particulier à l’image et à son sujet. C’est ce que nous proposent ces cheminements et qu’il devient intéressant de confronter. Des regards photographiques.

La vie en crise, voilà le sujet de cette exposition. Un passage de l’être en crise comme une étape vers une évolution, la vie des paysans en crise face à un état du monde et la vie dans un corps portant les traces de crises déjà survenues. Est ce que la vie est une crise permanente ?

Pour Jean Paul Sartre « l’homme n’est rien d’autre que sa vie »1, ce qui suppose que l’homme développe une conscience sur lui même, sur la vie et sur ses actes. C’est ce que travaillent ces images, une conscience de soi et de l’être. L’analyse que porte ces trois photographes est un regard en soi, qui nous contraint à nous interroger à notre tour.

Car la photographie met en crise, elle aussi. Elle nous oblige, elle montre ou pas. C’est dans la diversité des regards photographiques que se rejoint quelque chose d’essentiel concernant notre propre regard de spectateur face à ces mondes. Les mondes portés à l’image, qu’on nous présente, et les univers de ces artistes. S’approprier un regard ou, en tout cas, être face à des regards qui nous questionnent. Voilà ce que pourrait être la photographie, une grande question sur des mondes qui nous saisit. Croiser ces mondes devient passionnant car cela travaille la différence au sein de laquelle la question reste la même, celle de la sur-vie, c’est à dire, celle de ce supplément de vie qui nous rend vivant et donne un sens face à cet état de crise permanent. C’est ce à quoi nous confrontent les images de Fanny Legros, de Laura Cados et d’Amandine Noël.

Catherine Rebois