CRISTAUX LIQUIDES
Espace En Cours / 56 rue de la Réunion 75020 Paris, métro Buzenval ou Avron
Exposition des photographies de CAROLE THIBAUD
& projections, rencontres, atelier…
A l’occasion de la publication du livre Lumières animales de Carole Thibaud & Muon (WARM Editions)
L’hippocampe de Jean Painlevé
France, 1934, 16mm, n&b, sonore, 13’
« Que dire de ces congénères verticaux, d’une tristesse distinguée, vieilles gargouilles refoulées ? Et avec ça, des mœurs ! Non seulement la femelle, en enfonçant sa papille cloacale dans la poche que porte le ventre du mâle, possède ce dernier, mais encore elle lui transmet ses deux cents œufs qu’il fécondera au passage et gardera ensuite pendant des semaines. » Jean Painlevé. Musique de Darius Milhaud.
. Vendredi 22 novembre
18h : ouverture de l’exposition Cristaux liquides
20h, séance : Film ist… Science ! (6€)
Calamity Gene de Stéfani de Loppinot
France, 2002, 16mm + diapositives, sonore, n&b, 8’
« Calamity gène » est issu d’une rencontre, celle d’un film éducatif 16 mm de Marc Cantagrel, « La Caryocinèse », probablement réalisé dans les années 1950, et des lettres de Calamity Jane à sa fille : la caryocinèse est le processus de division d’une cellule mère en deux cellules filles ; on dit que Calamity Jane aurait, toute sa vie durant, écrit des lettres secrètes à sa fille qu’elle n’avait pas eu le droit d’élever.
La lumière polarisée appliquée aux objets isotropes de J-P Girard et Maurice Françon
France, 1959, 16mm, Couleur, sonore, 12’
Diverses expériences allant de la prise de vue microscopique à l’observation d’animaux aquatique, réalisée à l’aide de le technique de la lumière polarisée, donnant une « vivions fantastiques du monde réservée d’ordinaire à l’imagination du poète »…
Konrad & Kurfurst de Esther Urlus
Pays-Bas, 2013-2014, 16mm, couleur, sonore, 7′
Une reconstitution fictionnel d’un happening de 5 minutes qui eut lieu à Berlin en 1936 pendant les Jeux Olympiques. Réalisé sur une émulsion artisanale fabriquée grâce à l’aide de publications techniques datant des premières expériences cinématographiques et photographiques. L’émulsion artisanale comme métaphore fragile de l’héroïsme de Konrad et son cheval Kurfurst. Tombant de son cheval, il devint un héros national mais dépassé par l’histoire, un anti-héros.
Film ist., part 1, 2 & 3 de Gustav Deutsch
Autriche, 1998, 16mm, coul-n&b, sonore, 35′
1 – Mouvement et temps (15′) / 2 – Lumière et obscurité (10′) / 3 – Un instrument (10′)
« Film ist. ne comprend pratiquement que des extraits de films scientifiques. On y ressent non seulement la politique, mais aussi la poésie particulière du genre film scientifique qui se sert fréquemment des moyens conceptuels expérimentaux (…). Des images qui n’ont rien à voir les unes avec les autres (en ce qui concerne leur origine), qui ne sont pas de la même famille sont comparées, confrontées, juxtaposées. » Alexander Horvath.
. Samedi 23 novembre
14h : ouverture de l’exposition Cristaux liquides
18h : Table ronde autour du livre Lumières animales de Carole Thibaud & Muon (entrée libre)
Cet ouvrage se présente sous la forme d’un « lexique poético-scientifique de Muon inspiré par neuf photographies réalisées par Carole Thibaud à la Station biologique de Roscoff ».
Dans la chambre noire de la Station biologique, Carole Thibaud a photographié la faune et la microfaune marines. Son regard s’amuse avec la lumière et les transparences de ces organismes, invite à contempler le minuscule, l’informe et le turpide, à oublier les proportions et à se figurer des chimères.
Autour de ces photographies argentiques en noir et blanc, Muon élabore un lexique poético-scientifique. Morphogenèse, exaptation ou encore épochè, spagyrie ; ses textes invitent à explorer les marges où épistémologie et esthétique s’enchevêtrent.
20h : séance Immersion (6€)
Ce programme de courts métrages nous invite à avancer dans les vagues, les ressacs, les gouttes d’eau, les reflets scintillants pour se plonger dans la matière même du cinéma : l’émulsion. Composés de films provenant de différentes époques, de différentes pratiques, de différents pays, cette séance propose une immersion au cœur de l’image cinématographique cinéma : jeux de lumière, effets de transparence, de collage, variation de vitesses, autour d’un mouvement naturel, celui de l’eau, qui fut l’un des premiers motifs filmés, avant les films de frères Lumière, par Étienne-Jules Marey, dans le golf de Naples, en 1890.
La vague d’Etienne-Jules Marey
France, 1891, bande chronophotographique transférée en numérique, n&b, muet, 2’
Médecin, chercheur, » ingénieur de la vie « , Etienne-Jules Marey (1830-1904) s’est passionnément consacré à l’étude du mouvement physiologique et mécanique. Il est à l’origine d’une multitude de découvertes dont les applications concernent autant la médecine et la physiologie, que l’aviation, le cinéma et la photographie.
Something Fishy de Philippe Leonard
Canada, 2009, 16mm (projeté en fichier numérique), n&b, sonore, 5′
Quelque chose de louche est la rencontre entre la pratique de la pêche traditionnelle immortalisée dans le réveil du cinéma direct de Pierre Perrault dans Pour la suite du monde et la photographie analogique. Par la juxtaposition d’images de ces deux pratiques en voie de disparition, utilisant des superpositions déficientes, excessives et maladroites, image arrêtée, les gestes concrets causés par le corps du pêcheur et du cinéaste se rejoignent dans leur relation au matériau par les modifications qu’ils subissent dans leur environnements respectifs (océan / lumière et ombre). Le dialogue visuel entre ces deux personnages proposant la réhabilitation de l’objet et de l’image, affichage vivant-image, développé dans la chambre noire et ré-exposé puis projeté à travers le retour symbolique intermédiaire à la nature.
Weltempfänger de Schmelzdahin
Allemagne, 1985, 16mm, couleurs, sonore, 5’
« Weltempänger, les paysages marins et désertiques sont filtrés en rouge, entrecoupés de monochromes rouges, la couleur pure sert de fondu, les oiseaux s’envolent dans le rouge et dans le jaune. La couleur est appliquée en nappe sur l’image dont on respecte le cadre, l’existence de plan et la dimension analogique. Elle déréalise et dénature mais ce qui travaille ici est sa teinte, non ses puissances figurales : elle reste discrète, moins virulente que les brillantes formes d’enchaînement dysharmonique qui caractérisent le travail de Schmelzdahin.» Nicole Brenez.
Interlude de Joost von Veen
Pays-Bas, 2005, 16 mm, n&b, sonore, 3′
Poème visuel d’errance aquatique au travers de particules chimiques et d’émulsion.
La source de Vincent Deville
France, 2004, Super8 transféré en numérique, couleurs, sonore, 6′
Je plonge un carter de pellicule Super-8 dans de l’eau. Un ami voit le film et pense à une musique qu’il m’indique. Je trouve chez la compositrice un autre morceau que je préfère pour le film.
Pièce sonore : « Bain de sommeil » de Sandra Sana
Quelques instants de la vie d’un papillon : fragments 1 & 2 de Baharé Khadjé-Nouri
France, 2001, 16mm, couleur, sonore, 12’
Ce que l’on peut imaginer de ce qu’un papillon voit du monde qui l’entoure : mouvements, lumières, vitesse, objets, mais aussi couleurs et tremblements s’adaptent aux scintillements de ces déplacements. Musique : Bijan Chemirani
To the Beach de Robert Schaller
GB, 1999, 16mm, couleur, sonore, 10′
On entend dans l’appel du large le sentiment d’une promesse faite avant notre naissance : nous pouvons comprendre le monde non simplement comme un atlas de choses vues, mais plutôt comme un continuum d’expériences sensibles dans lequel il est impossible de nous distinguer nous-mêmes du monde qui nous entoure – le soi et les autres ne font qu’un. « To The Beach » explore ce sentiment résultant de ces trois postes d’observation. Filmé près, dans et sous la mer (respectivement), en utilisant une grande variété de techniques, le film dévoile des images développées à la main par l’artiste.
Ile de Ouessant de David Dudouit
France, 2010, 16mm, couleur, silencieux, 10′
Il s’agit de 4 bobines de film 16mm patiemment exposées image par image lors d’un séjour sur l’ile bretonne de Ouessant.
Ici l’observation de la nature et de ses phénomènes se marie avec une quête formelle plus prononcée qui modifie notre perception du réel.
Gorgone de Carole Thibaud
France, 2015, 16mm, silencieux, 4′
Prises de vue 16mm noir & blanc inspirées du travail de Robertina Šebjanič avec les méduses Cassiopea Andromeda et Aurelia Aurita.
Cassiopea andromeda est une méduse cassiopée également appelée Upside-Down Jellyfish, qui est une méduse dont le dessous est au-dessus. Les méduses cassiopées s’approvisionnent en nourriture et en eau fraîche grâce à des mouvements rythmiques de pompage. Mais leurs tissus abritent aussi des algues symbiotiques, les zooxanthelles. La coupole se trouvant près du sol, la méduse se trouve donc « tête en bas » sur le sable.
La méduse commune (Aurelia aurita) appelée aussi Aurélie, méduse bleue ou méduse lune, est un cnidaire de la super-classe des Scyphozoaires. L’origine du nom scientifique Aurelia aurita de cette méduse est le latin aurelia, d’aurum, « or », à cause de la couleur éclatante de l’ombrelle et aurita, d’auris, « oreille », en raison de ses gonades en forme d’oreilles.
Traitement et copies du film effectués au laboratoire de l’association Mire.
Carole Thibaud – Juin 2015
. Dimanche 24 novembre
14h : ouverture de l’exposition Cristaux liquides
15h > 17h30 : atelier chimigramme (animé par Francesca Veneziano)
Atelier de réactions chimiques sur pellicule 16mm.
Frais d’inscriptions : 20€. Réservations : info@braquage.org
19h : séance (6€)
Araya de Margot Benacerraf
France/Venezuela, 1959, 16mm, sonore, noir & blanc, 70′
Auteurs : Margot Benacerraf et Pierre Seghers / Musique : Guy Bernard / Opérateur : Giuseppe Nisoli / Montage : Pierre Jallaud et Francine Grübert
Prix de la Critique Internationale Festival de Cannes 1959
Séance présentée par Gabriela Monelle. Après une thèse sur les avant-gardes latino-américaines, Gabriela a enseigné le cinéma et la photographie dans de nombreuses institutions culturelles. Elle travaille dans le milieu du cinéma et la plupart du temps, elle écrit.
Le film de Margot Benacerraf décrit un jour dans la vie de trois familles vivant dans un des endroits les plus durs sur la terre : les marais salants d’Araya, une péninsule aride au Venezuela.
A sa sortie, Araya a été comparé à L’Homme d’Aran de Robert Flaherty et à La Terre tremble de Luchino Visconti. Selon la cinéaste, ce film n’est pas un documentaire, il a été méticuleusement planifié comme un poème symphonique : une composition dans laquelle les images, la musique, le son et la langue se combinent pour créer un déplacement et une exploration magique d’un endroit désolé et de gens remarquables qui ont vécu là. Araya est un film d’une telle beauté durable que Jean Renoir a dit Margot Benacerraf : « Par-dessus tout … ne coupe pas une seule image ! »